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05/04/2024

Comprendre l’impact des cerfs et des vers de terre sur les sous-étages forestiers


Anne Dobson parle de son article : ‘Effets individuels et combinés des vers de terre envahissants et du cerf de Virginie indigène sur la survie, la croissance et la reproduction des plantes du sous-étage.’

Figure 2. Co-auteur Audrey Bowe mesurant les greffes. Ces plantes vivaces à longue durée de vie peuvent persister sous forme de petits juvéniles pendant de nombreuses années dans le sous-étage.

Arrière-plan

Dans les forêts du nord-est des États-Unis, les communautés végétales du sous-étage subissent des transformations radicales. Savoir quoi faire pour atteindre nos objectifs de conservation est compliqué par le fait que bon nombre de ces facteurs de stress coexistent dans les mêmes forêts, sur la même période et souvent aux mêmes échelles. À l’échelle locale, l’introduction de vers de terre non indigènes et la forte pression de broutage exercée par le cerf de Virginie sont apparues comme des facteurs critiques ayant un impact sur la dynamique des écosystèmes. Les vers de terre, qui se propagent principalement en raison des activités humaines, modifient les propriétés du sol, entraînant la disparition de la couche de litière de feuilles et la reconfiguration du sol forestier. Parallèlement, les populations de cerfs ont rebondi grâce aux efforts de conservation, aux changements d’affectation des terres et au manque de prédateurs naturels, et remodèlent les communautés végétales grâce au broutage sélectif. Cela affecte non seulement la survie et la reproduction des plantes, mais facilite également la propagation des espèces envahissantes et perturbe le cycle des nutriments.

Figure 3. L’un des aspects les plus gratifiants de ce projet a été d’assister à la restauration réussie de plantes vivaces indigènes à longue durée de vie dans des forêts qui manquaient auparavant de végétation de sous-étage significative. C’est une racine de sang (Sang du Canada) plantule quatre ans après le repiquage.

L’étude

Notre étude a évalué la capacité des forêts secondaires à soutenir les plantes indigènes du sous-étage. Nous avons choisi cinq forêts de feuillus différentes dans le centre de l’État de New York pour notre expérience sur le terrain. Nous avons transplanté des plantes indigènes dans des parcelles clôturées (pour exclure les cerfs) et non clôturées, dans des zones avec ou sans invasions de vers de terre. Nous avons transplanté 20 individus de 20 espèces indigènes dans chacune des 20 parcelles. Nous avons ensuite mesuré la survie, la croissance et la reproduction des transplants sur quatre à six ans.

Principales conclusions

  • Influence du ver de terre : Les vers de terre ont limité la survie précoce de nombreuses espèces de plantes indigènes. Au fil du temps, l’impact des vers de terre sur la survie passe d’universellement négatif à spécifique à l’espèce. Si une plante s’est établie malgré un stress d’enracinement précoce dans des sols envahis par les vers de terre, elle peut bénéficier d’une croissance améliorée par les vers de terre, mais sera également plus vulnérable aux attaques d’insectes.
  • Avantages de l’exclusion des cerfs : L’exclusion des cerfs a généralement entraîné une meilleure survie et une meilleure croissance pour la plupart des espèces une fois qu’elles ont atteint la « zone molaire » d’environ 10 à 20 cm. Il est intéressant de noter que cela incluait des espèces généralement considérées comme désagréables pour les cerfs.
  • Caractéristiques et taxonomie : Notre étude a révélé que ni la classe taxonomique ni les caractéristiques spécifiques des plantes telles que la surface foliaire spécifique (SLA) ou l’azote foliaire n’influençaient de manière significative la sensibilité des espèces aux cerfs ou aux vers de terre.

Synthèse et implications pour la conservation

Figure 1. Profils de sol de deux de nos parcelles démontrant les conséquences de l’invasion des vers de terre. Crédit photo : Justin Richardson.

Nos recherches démontrent que les forêts secondaires de la région continuent d’offrir des habitats adaptés aux espèces indigènes, malgré les défis auxquels elles sont confrontées. Les impacts spécifiques des vers de terre et des cerfs évoluent avec le temps, soulignant la nécessité de stratégies de gestion spécifiques à chaque espèce. Affiner davantage les stratégies de gestion avec des outils démographiques (par exemple, prédire les résultats en modélisant mathématiquement les transitions des étapes de vie des plantes) pourrait optimiser les efforts de conservation dans le respect des contraintes de sécurité et de budget. Surtout, nos résultats indiquent que la transplantation d’espèces indigènes dans ces forêts pourrait constituer une stratégie viable pour la restauration du sous-étage, à condition que des mesures soient prises pour limiter la pression du broutage par les cerfs.





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