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13/08/2022

Saisons printanières et estivales à haut risque d’incendie — ScienceDaily


Une étude révèle un changement sans précédent du régime des incendies en Europe qui est lié au changement climatique. Les zones touchées se trouvent dans le sud, le centre et le nord de l’Europe, mais ce changement historique du régime des incendies en Europe est plus intense dans la région méditerranéenne. L’étude, publiée dans la revue Rapports scientifiquesest dirigé par Jofre Carnicer, professeur d’écologie à la Faculté de biologie et membre de l’Institut de recherche sur la biodiversité (IRBio) de l’Université de Barcelone et du Centre de recherche écologique et d’applications forestières (CREAF).

Parmi les auteurs de l’étude figurent d’éminents climatologues, experts des risques d’incendie de forêt et de l’écologie forestière, membres d’un consortium international d’institutions de recherche au sein desquelles l’UB, le CREAF, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le Centre européen de recherche à moyen terme Weather Forecasts (ECMWF), l’Institut de recherche environnementale et de développement durable de l’Observatoire national d’Athènes, l’Agence spatiale européenne (ESRIN), l’Université du Salento (Italie) et l’Université de Patras (Grèce) – y participent.

Saisons de printemps et d’été à haut risque d’incendie

L’étude a détecté des saisons estivales et printanières avec des valeurs sans précédent de risques d’incendie au cours des dernières années, de sorte que de nombreuses régions du sud de l’Europe et de la Méditerranée atteignent des conditions extrêmes propices aux incendies. Ces conditions défavorables sont de plus en plus fréquentes en raison de l’augmentation des vagues de chaleur et des sécheresses hydrologiques.

« Cette augmentation du risque d’incendie extrême est assez récente et, à des moments critiques, elle dépasse les capacités de lutte contre les incendies des sociétés européennes, entraînant une augmentation du CO2 émissions associées aux incendies lors d’étés extrêmement chauds et secs », note Jofre Carnicer, premier auteur de l’étude et membre du Département de biologie évolutive, d’écologie et des sciences de l’environnement de l’UB.

Forêts et puits de carbone menacés

L’étude établit un lien entre l’augmentation du risque d’incendie et un nombre plus élevé de CO induit par le feu2 émissions mesurées dans les observations satellitaires sur le continent européen. Ce phénomène se produit dans l’Europe méditerranéenne mais aussi dans l’Europe plus froide, septentrionale et boréale, qui possède d’importants puits de carbone dans la toundra et les forêts boréales.

Les estimations du risque d’incendie et des impacts basées sur les données météorologiques et la détection par satellite de l’impact des incendies ont changé au fil du temps. C’est la première fois que l’augmentation récente des risques d’incendie due aux conditions météorologiques est détectée et cela se traduit par une augmentation significative du CO associé aux incendies2 émissions en période de chaleur extrême et danger d’incendie en été.

« Les zones forestières et montagneuses du sud et du centre de l’Europe sont les zones où les risques d’incendie les plus élevés sont détectés », note Jofre Carnicer. « Ces zones sont de grands puits de carbone qui seraient menacés par l’incendie, comme les Pyrénées, les massifs ibérique et cantabrique en Espagne, les Alpes, le massif central français, les Apennins italiens en Europe centrale, les Carpates, les Balkans, le Caucase et le Pontique dans la région sud-est de l’Europe. »

L’étude fournit des cartes continentales du danger d’incendie et prédit l’évolution du risque d’incendie en Europe jusqu’en 2100, à travers différentes trajectoires de changement climatique (2ºC, 4ºC) et de réduction du CO2 émissions.

« Les conclusions suggèrent que le régime des feux pourrait changer rapidement dans les régions touchées par le changement climatique, telles que les zones méditerranéenne, euro-sibérienne et boréale de l’Europe », note le chercheur.

« L’augmentation la plus importante du risque d’incendie affectera les zones du sud de l’Europe qui possèdent des forêts et des puits de carbone essentiels à la régulation du climat », explique l’expert, qui ajoute que « les forêts du continent européen absorbent environ 10 % de les émissions totales de gaz à effet de serre par an, plus précisément, ils captent environ 360 millions de tonnes de CO2 par an, plus que les émissions d’un pays comme l’Espagne, avec une valeur d’environ 214 millions de tonnes. »

L’augmentation des risques d’incendie décrite dans l’étude est un défi pour le développement et l’application de la nouvelle stratégie forestière européenne, qui propose de maintenir une réduction annuelle d’au moins 310 millions de tonnes de CO2 des secteurs forestier et agricole d’ici 2030 en Europe. En conséquence, l’augmentation détectée du risque d’incendie pourrait compromettre les stratégies de décarbonisation basées sur l’utilisation des forêts et des terres si des stratégies de gestion forestière efficaces ne sont pas adoptées pour réduire ces risques », souligne Carnicer.

« De plus, l’augmentation de ce risque pourrait favoriser un mécanisme de rétroaction positive sur le changement climatique, dans des cycles progressifs de réchauffement, un danger d’incendie accru et une augmentation du CO induit par le feu.2 émissions. Dans ce contexte, réduire le CO2 émissions de manière drastique au cours des deux prochaines décennies (2030-2040) est essentielle pour réduire le risque d’incendie en Europe et dans le monde », note l’auteur de l’étude.

Jofre Carnicer est membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Comité national pour le climat en Espagne (CNC). Il est l’un des auteurs du sixième rapport d’évaluation du groupe de travail II du GIEC, présenté en février 2022, qui a révélé les impacts du changement climatique sur les écosystèmes et les sociétés du monde entier, les risques environnementaux et sociaux attendus pour les prochaines décennies, et les options d’adaptation disponibles pour réduire l’impact du changement climatique.



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