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18/08/2022

Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !


par Luiza Oliveira

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photo par Monika Grabkowska

Un poème sur les blessures créées par le patriarcat, la religion et le capitalisme.

Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Pourquoi devrais-je avouer à un homme qui ne sait rien de moi, mais qui a été élevé pour croire qu’il le sait ?

Pourquoi devrais-je me confesser à un homme qui me juge sur mon sexe, qui me voit comme un pécheur, un pécheur pour être né ? À quel point est-ce malade?

Pourquoi devrais-je confesser à une personne qui prêche en disant que les gens devraient se battre pour se « sauver » eux-mêmes pour arriver à un endroit où ils ne seront jamais assez pour être ?


Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Pourquoi devrais-je me confesser à une personne qui me dissocie de mon propre corps, de ma nature ? Pourquoi devrais-je avouer à une personne qui est là pour dire que le plaisir est dangereux, me transformant en diable ?

Pourquoi le plaisir est considéré comme dangereux ? Car pour comprendre son propre plaisir, il faut écouter ses propres besoins, son propre corps, ses propres rythmes.

Le plaisir est l’une des principales clés pour se réapproprier son autonomie, pour poser des limites, pour dire Non !

Une fois que vous comprenez comment satisfaire votre propre plaisir, vous comprenez que le salut qu’ils vendent est aussi vide que leur restauration rapide, trop de calories, trop de sucre et vide en valeur nutritive.


Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Il m’a fallu trop de décennies pour apprendre à soigner une blessure dont je savais qu’elle faisait mal, mais ils disaient qu’il était « normal » de saigner.

Il m’a fallu des décennies pour pouvoir prendre la parole et dire : Non, aucune violence n’est normale… et comprendre que le jour où les gens normalisent la violence, c’est là que l’humanité des gens se perd.

C’est si triste de voir tant de religions prêcher aux gens pour sauver leurs âmes tout en normalisant tant de violence, tant de génocides, de croisades, tout en colonisant les gens et en dévastant la Nature.


Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Pourquoi devrais-je confesser et me soumettre à une religion qui attaque les femmes, fait taire des vies et tue des cultures ?

Pourquoi devrais-je avouer une religion qui brûle les connaissances, déforme les histoires et assassine la biodiversité sociale ?

Au nom de quoi ? Au nom d’une « vérité » monoculturelle ?


Pourquoi devrais-je avouer une religion qui a assassiné et assassine encore les premières nations, peuples autochtones physiquement et symboliquement partout dans le monde ? Ils assassinent toujours les mêmes personnes qui sont les plus connectées à la Terre et au cycle des saisons.

Non. Je n’oublie pas, parce que cette blessure saigne encore, et ces souvenirs sont imprimés dans le sang qui coule dans mes veines.


Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Pourquoi devrais-je avouer une religion qui perpétue la violence contre les femmes ?

Féminicide et misogynie sont des mots qui m’étaient cachés… pour essayer de me convaincre que ces blessures étaient « normales ».

De par leur culture, j’ai dû détester mon plaisir, douter de mon corps, faire taire mon intuition, manger mes sentiments.

Ils ont essayé de me faire croire que j’étais isolé dans ma douleur, que j’étais seul… ils ont essayé de me faire croire que je n’étais pas normal, pas aimé, pas assez, et parfois, même trop, pour ne pas me taire.

Ils ont essayé de me séparer de mes sœurs. Ils ont essayé de me faire rivaliser avec eux. Ils ont essayé de me convaincre que leurs blagues misogynes étaient drôles, que leur racisme était acceptable, que leur classisme était réel.


Ils m’ont rendu malade, et aujourd’hui j’ai envie de vomir de mon système ce qu’ils m’ont fait avaler toutes ces années.

J’en ai marre d’eux, j’en ai marre de leur discours, de leur arrogance, de leurs fake news, de leur torture émotionnelle, de leur jeu de pouvoir mental, de leur dynamique d’oppression.


Non, je n’avouerai pas, je le dirai à voix haute !

Aujourd’hui, je dis à haute voix ce que j’ai appris à avoir peur de dire publiquement auparavant parce que je craignais pour ma vie et ma santé mentale.

Aujourd’hui, j’ai appris à nommer ces actes de violence, et à les rendre visibles.

Aujourd’hui, je comprends à quel point la violence s’est tissée à des niveaux plus profonds de notre tissu social. Des meurtres romancés de membres de la famille aux viols qui ont été réduits au silence, terminés par la dévastation traumatisante de nombreux socio-écosystèmes au nom du salut malade.

Certaines personnes l’appellent, le capitalisme, certaines personnes l’appellent la religion, je l’appelle par son nom commun, le patriarcat.



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