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26/03/2024

Jan Perret : Les plantes restent immobiles mais parviennent à se cacher


LISTE DES PRIX HARPER 2023 : Tout au long du mois de mars, nous présentons les articles en lice pour le Prix Harper 2023. Le Prix ​​Harper est un prix annuel récompensant le meilleur article de recherche en début de carrière publié dans Journal d’écologie. Jan Perretl’article deLes plantes restent immobiles mais se cachent : la détection imparfaite et hétérogène est la règle lors du comptage des plantes‘ est l’un des finalistes pour le prix:

👋 Sur moi

J’ai grandi dans l’ouest de la France, dans un paysage de bocages et de forêts profondes, avec bien sûr de nombreuses sortes de fromages. Adolescente, j’ai été mordue par le virus de la nature et ma curiosité est devenue une véritable obsession. J’ai parcouru la campagne, perçant ses secrets, des plus petites créatures aux plus grands arbres. C’est donc tout naturellement que j’ai décidé de faire de ma passion mon métier. A 18 ans, j’ai commencé ma licence Biologie-Ecologie à l’Université Paris-Saclay. Durant trois années mouvementées, je me suis plongé dans le monde de la flore et de la faune (un peu moins dans la biochimie). Mon étape suivante a été un Master en Gestion de la Biodiversité à l’Université de Montpellier, diplôme qui prépare à travailler dans les espaces protégés avec les acteurs locaux, car à l’époque, je cherchais un métier où je pourrais travailler le plus souvent possible en extérieur. . J’ai pris un chemin légèrement différent, car je passe désormais la plupart de mon temps derrière un ordinateur à faire des statistiques… mais croyez-le ou non, j’adore ça !

Durant mes études, j’ai eu la chance de faire plusieurs stages dans des réserves naturelles. C’était une tâche ardue – mes principales activités consistaient à transporter du matériel lourd sur des terrains accidentés et à participer aux programmes de surveillance des réserves, ou en d’autres termes, à compter toutes sortes d’organismes… arbres, tritons, oiseaux, chauves-souris, etc. Je l’ai compté. Ah, et les plantes ? Ouais, j’ai compté plus de plantes que je ne m’en souviens. C’est lors de mon dernier stage, dans une prairie pour compter jusqu’aux genoux la seule population d’une espèce végétale rare de la région, que j’ai commencé à avoir des doutes… Et si nos méthodes de surveillance manquaient le coche ? Les données semblaient bancales, et j’avais le soupçon sournois qu’il me manquait de nombreux individus, cachés dans la prairie… Un an plus tard, j’ai commencé un doctorat sur l’amélioration des méthodes de suivi des populations végétales, et l’étude publiée au printemps dernier dans la revue Journal d’écologie fait partie de mon travail doctoral.

Figure 1: Photo de l’expérimentation en cours sur un site méditerranéen, près du Pic Saint-Loup, à 25 km au nord de Montpellier, France. Les participants comptent les individus d’une espèce « facile », l’orchidée pyramidale, Anacamptis pyramidal. La question est : ont-ils remarqué les individus végétatifs cachés dans les broussailles ?

🔎 À propos de l’article présélectionné

Les individus manquants lors d’un dénombrement (c’est-à-dire une détection imparfaite) entraînent des estimations biaisées de la taille et des tendances des populations. De plus, si la détection varie dans le temps, par exemple parce que l’habitat subit une succession au cours de l’étude et que les individus des espèces cibles deviennent plus difficiles à détecter, cela peut conduire à la détection de tendances inexistantes. La détection imparfaite est la règle dans les études animales, et de nombreux programmes de surveillance corrigent désormais ce biais en estimant la probabilité de détection. Pourtant, cette correction reste exceptionnelle dans les études végétales, suggérant que la plupart des écologistes végétaux supposent implicitement qu’ils détectent toujours tous les individus. Pour évaluer si cette hypothèse est valide, j’ai mené une expérience sur le terrain dans laquelle j’ai demandé à des botanistes ayant différents niveaux d’expérience de compter les plantes dans des quadrats de 1 × 1 m avec trois méthodes de comptage différentes. J’ai fait cela sur 30 espèces de visibilité variable, et j’ai choisi des sites d’étude à différents stades de succession végétale. Au total, 158 participants ont pris part à l’expérience, ce qui a donné lieu à un ensemble de données de 5 024 décomptes.

Les résultats étaient superbes ! Aucun observateur n’a jamais détecté tous les individus dans les 10 quadrats d’une session sur le terrain. La détection variait selon la méthode de comptage, mais surtout selon la visibilité de l’espèce et le stade de succession. Étonnamment, la densité d’individus dans le quadrat avait un effet négatif important sur la détection : plus il y avait d’individus dans un quadrat, plus la proportion d’individus détectés était faible ! J’ai émis l’hypothèse que cela pourrait résulter d’un phénomène fascinant et bien documenté dans la cognition humaine : la loi de Weber-Fechner ! En revanche, l’expérience du participant en botanique avait peu d’effet sur la détection.

Les résultats de cette expérience montrent qu’une détection imparfaite et hétérogène est la règle lors du comptage des plantes. Donc, mon intuition était bonne ; Pour éviter d’obtenir des estimations biaisées de la taille et des tendances des populations, les écologistes végétaux doivent utiliser des méthodes qui estiment la probabilité de détection des individus et ne pas s’appuyer sur des décomptes bruts.

🌱 Et après?

J’occupe actuellement un poste d’enseignement et de recherche d’un an au centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, en France, où j’ai effectué mon doctorat. Je continue de travailler sur l’application de méthodes de prise en compte des erreurs de détection dans les études de dynamique des populations végétales, ces méthodes étant jusqu’à présent peu utilisées pour les plantes. Je collabore également avec des défenseurs des plantes français pour améliorer leurs programmes de surveillance. La prochaine étape, après les populations végétales, est de développer des méthodes permettant de prendre en compte les erreurs de détection dans les études de communautés végétales ! Je viens de commencer à écrire le projet, et j’espère trouver des financements pour démarrer l’étude au printemps prochain, et retourner sur le terrain !

Trouver J.un sur X, Google Scholar et Porte de recherche.

Lisez la liste complète des articles présélectionnés pour le Prix Harper 2023 ici.





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