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25/04/2024

Le changement climatique pourrait devenir le principal moteur du déclin de la biodiversité d’ici le milieu du siècle


Selon une vaste étude multimodèle publiée dans Science. Les projections montrent que le changement climatique pourrait devenir le principal moteur du déclin de la biodiversité d’ici le milieu du XXIe siècle.

L’analyse a été menée par le Centre allemand de recherche intégrative sur la biodiversité (iDiv) et l’Université Martin Luther de Halle-Wittenberg (MLU) et constitue à ce jour la plus grande étude de modélisation de ce type. Les chercheurs ont comparé treize modèles pour évaluer l’impact du changement d’affectation des terres et du changement climatique sur quatre paramètres distincts de la biodiversité, ainsi que sur neuf services écosystémiques.

LA BIODIVERSITÉ MONDIALE POURRAIT AVOIR DIMINUÉ DE 2 À 11 % EN RAISON DU SEUL CHANGEMENT D’UTILISATION DES TERRES

Le changement d’affectation des terres est considéré comme le principal facteur de changement de la biodiversité, selon la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Cependant, les scientifiques sont divisés sur l’ampleur de l’évolution de la biodiversité au cours des dernières décennies. Pour mieux répondre à cette question, les chercheurs ont modélisé les impacts du changement d’affectation des terres sur la biodiversité au cours du XXe siècle. Ils ont découvert que la biodiversité mondiale pourrait avoir diminué de 2 à 11 % en raison du seul changement d’affectation des terres. Cette étendue couvre une gamme de quatre mesures de la biodiversité1 calculé par sept modèles différents.

« En incluant toutes les régions du monde dans notre modèle, nous avons pu combler de nombreux angles morts et répondre aux critiques d’autres approches fonctionnant avec des données fragmentées et potentiellement biaisées », explique le premier auteur, le professeur Henrique Pereira, chef du groupe de recherche chez iDiv et MLU. « Chaque approche a ses avantages et ses inconvénients. Nous pensons que notre approche de modélisation fournit l’estimation la plus complète des tendances de la biodiversité dans le monde. »

TENDANCES MIXTES POUR LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES

À l’aide d’un autre ensemble de cinq modèles, les chercheurs ont également calculé l’impact simultané du changement d’affectation des terres sur ce qu’on appelle les services écosystémiques, c’est-à-dire les avantages que la nature apporte aux humains. Au siècle dernier, ils ont constaté une augmentation massive approvisionnement les services écosystémiques, comme la production alimentaire et la production de bois. Par contre, régulateur les services écosystémiques, comme la pollinisation, la rétention d’azote ou la séquestration du carbone, ont modérément diminué.

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET D’UTILISATION DES TERRES POURRAIENT ENTRAÎNER UNE PERTE DE BIODIVERSITÉ DANS TOUTES LES RÉGIONS DU MONDE

Les chercheurs ont également examiné comment la biodiversité et les services écosystémiques pourraient évoluer à l’avenir. Pour ces projections, ils ont ajouté à leurs calculs le changement climatique comme facteur croissant de changement de la biodiversité.

Selon les conclusions, le changement climatique risque d’exercer une pression supplémentaire sur la biodiversité et les services écosystémiques. Même si le changement d’affectation des terres reste pertinent, le changement climatique pourrait devenir le principal facteur de perte de biodiversité d’ici le milieu du siècle. Les chercheurs ont évalué trois scénarios largement utilisés : du développement durable au scénario d’émissions élevées. Quel que soit le scénario, les impacts combinés du changement d’affectation des terres et du changement climatique entraînent une perte de biodiversité dans toutes les régions du monde.

Même si la tendance globale à la baisse est constante, il existe des variations considérables selon les régions du monde, les modèles et les scénarios.

LES PROJECTIONS NE SONT PAS DES PRÉVISIONS

« Le but des scénarios à long terme n’est pas de prédire ce qui va se passer », explique le Dr Inês Martins, co-auteur de l’étude de l’Université de York. « Il s’agit plutôt de comprendre les alternatives, et donc d’éviter ces trajectoires, qui pourraient être les moins souhaitables, et de sélectionner celles qui ont des résultats positifs. Les trajectoires dépendent des politiques que nous choisissons, et ces décisions sont prises au jour le jour. » Martins a codirigé les analyses du modèle et est une ancienne élève d’iDiv et de MLU.

Les auteurs notent également que même le scénario le plus durable évalué ne déploie pas toutes les politiques qui pourraient être mises en place pour protéger la biodiversité dans les décennies à venir. Par exemple, le déploiement de la bioénergie, un élément clé du scénario de durabilité, peut contribuer à atténuer le changement climatique, mais peut simultanément réduire les habitats des espèces. En revanche, les mesures visant à accroître l’efficacité et la couverture des zones protégées ou le réensauvagement à grande échelle n’ont été explorées dans aucun des scénarios.

LES MODÈLES AIDENT À IDENTIFIER DES POLITIQUES EFFICACES

Selon les chercheurs, l’évaluation des impacts de politiques concrètes sur la biodiversité permet d’identifier les politiques les plus efficaces pour sauvegarder et promouvoir la biodiversité et les services écosystémiques. « Il existe certainement des incertitudes en matière de modélisation », ajoute Pereira. « Néanmoins, nos résultats montrent clairement que les politiques actuelles sont insuffisantes pour atteindre les objectifs internationaux en matière de biodiversité. Nous avons besoin de redoubler d’efforts pour progresser dans la lutte contre l’un des problèmes les plus importants au monde, à savoir le changement de la biodiversité d’origine humaine. »

1richesse mondiale en espèces, richesse locale en espèces, étendue moyenne de l’habitat des espèces, intégrité de la biodiversité



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