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29/10/2025

La Terre a atteint son premier point de bascule climatique, préviennent les scientifiques


Dans un rapport récemment publié, une équipe de climatologues internationaux prévient que sauver de nombreux récifs coralliens tropicaux de la destruction causée par la hausse des températures des océans nécessitera désormais des efforts extraordinaires. Les chercheurs concluent également que certaines régions des calottes polaires pourraient avoir déjà franchi leur point de bascule. Si cette fonte se poursuit, elle pourrait provoquer une élévation irréversible du niveau de la mer mesurée sur plusieurs mètres.

Les scientifiques mettent en garde contre les défaillances en cascade du système climatique

Parmi les principaux auteurs du Global Tipping Points Report 2025 (GTPR 2025), on trouve Nico Wunderling, professeur de sciences informatiques du système terrestre au Centre d’études informatiques critiques de l’Université Goethe | C3S et chercheur au Senckenberg Research Institute de Francfort. Avec plusieurs co-auteurs, il a dirigé le chapitre sur les « Points de bascule et risques du système terrestre ».

Wunderling explique : « Les conséquences dévastatrices qui surviennent lorsque les points de basculement climatiques sont franchis constituent une menace massive pour nos sociétés. Il existe même un risque que le basculement d’un système climatique puisse déclencher ou accélérer le basculement d’autres. Ce risque augmente considérablement une fois le seuil de 1,5°C dépassé. »

Le monde s’approche d’une cascade de points de basculement climatique

Selon le rapport, les scientifiques ont identifié environ deux douzaines de parties du système climatique mondial qui pourraient atteindre des points de bascule. Le premier d’entre eux, celui des récifs coralliens tropicaux, semble déjà dépassé. Le rapport prévoit que la température moyenne mondiale augmentera de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels au cours des prochaines années. Cela marquerait le début d’une période au cours de laquelle de multiples points de bascule pourraient être franchis, avec des conséquences profondes telles qu’une élévation rapide du niveau de la mer due à la fonte des calottes glaciaires ou des perturbations de la température mondiale causées par une rupture de la circulation de l’océan Atlantique. Les auteurs recommandent également des actions pour empêcher de nouvelles augmentations de température.

L’auteur principal coordonnateur du GTPR 2025 est Tim Lenton, professeur au Global Systems Institute de l’Université d’Exeter (Royaume-Uni). Plus de 100 scientifiques de plus de 20 pays ont contribué au rapport, publié avant la 30e Conférence mondiale sur le climat qui débutera le 10 novembre 2025 à Belém, au Brésil. Publié pour la première fois en 2023, le rapport Global Tipping Points est déjà reconnu comme une référence de premier plan pour évaluer à la fois les risques et les avantages potentiels des points de bascule négatifs et positifs au sein du système Terre et des sociétés humaines.

Comprendre les points de bascule climatiques

Les points de basculement climatiques ne sont devenus une priorité majeure dans la recherche sur le climat qu’au cours des deux dernières décennies. Les auteurs du GTPR décrivent un point de bascule induit par le climat comme un niveau de réchauffement auquel des systèmes naturels clés – tels que les récifs coralliens, la forêt amazonienne ou les principaux courants océaniques – subissent des changements auto-entretenus et souvent irréversibles.

Par exemple, une fois que les récifs coralliens tropicaux dépassent leur seuil de température, ils commencent à mourir même si l’humanité stabilise ou réduit ensuite le réchauffement climatique. Les scientifiques préviennent que d’autres points de bascule pourraient bientôt suivre, car certains se situent à proximité ou à 1,5°C de réchauffement. Les systèmes déjà menacés comprennent la forêt amazonienne (qui pourrait se déplacer vers la savane), les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental (qui pourraient faire monter le niveau de la mer de plusieurs mètres) et la circulation de l’océan Atlantique (dont l’effondrement pourrait fortement refroidir l’Europe).

Études de cas : récifs coralliens, forêts tropicales et courants océaniques

Le GTPR 2025 comprend des études de cas détaillées sur les principaux éléments de basculement du système climatique :

Récifs coralliens : Dans les régions tropicales, les récifs coralliens connaissent une mortalité record en raison d’événements de blanchissement répétés. Le réchauffement climatique actuel d’environ 1,4°C a déjà dépassé le point de bascule thermique estimé à environ 1,2°C. Même si les températures se stabilisaient à 1,5°C, les récifs continueraient probablement de s’effondrer. La plupart ne s’en remettraient pas à moins que les températures mondiales ne descendent à 1°C au-dessus des niveaux préindustriels ou moins. Plus ce seuil reste dépassé longtemps, plus les chances de rétablissement sont faibles.

Forêt amazonienne : La hausse des températures et la déforestation continue exposent la forêt amazonienne à une transformation à grande échelle en savane entre 1,5 et 2°C de réchauffement. Un tel changement pourrait encore accélérer le changement climatique mondial.

AMOC (Circulation de Renversement Méridional Atlantique) : L’AMOC, qui inclut le Gulf Stream, pourrait échouer si le réchauffement climatique était inférieur à 2°C. Un effondrement entraînerait des hivers plus froids dans le nord-ouest de l’Europe, perturberait les moussons mondiales et réduirait considérablement la productivité agricole dans de nombreuses régions.

Les points de bascule positifs offrent de l’espoir

Les auteurs soulignent également que tous les points de bascule ne sont pas destructeurs. Certains « points de bascule positifs » au sein des sociétés humaines pourraient accélérer la transition vers la durabilité. Par exemple, les sources d’énergie renouvelables sont désormais moins chères que les combustibles fossiles dans la plupart des régions, et les véhicules électriques remplacent rapidement les modèles à essence et diesel. Ces changements pourraient s’auto-renforcer.

Le soutien politique aux technologies respectueuses du climat, telles que les systèmes de chauffage durables ou le transport de marchandises plus propre, pourrait accélérer cette transformation. En outre, les effets de « contagion sociale » peuvent aider les petits groupes à susciter des changements de comportement à grande échelle, tels que la réduction de la consommation de viande ou la modification des habitudes de déplacement.



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