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Comment les arbres canalisent plus de carbone dans leurs racines – The Applied Ecologist


L’auteur Nancy Burrell souligne l’importance d’une comptabilité carbone précise et décrit les efforts de son équipe dernières recherches sur la précision des méthodes actuelles de mesure du carbone dans les garrigues.

Les méthodes traditionnelles comme le modèle i-Tree Eco, efficaces en milieu urbain et forestier pour estimer le stockage de carbone dans les arbres, sont basées sur les schémas de croissance des arbres de plantation (arbres cultivés dans des paysages sans herbivores).

Mais comment le broutage dans le cadre du projet de réensauvagement Knepp affecte-t-il le bilan de la biomasse des broussailles ?

Dans notre étude, nous avons testé l’hypothèse d’un rapport racine:pousse de biomasse de 0,26 sur nos échantillons destructeurs, ce qui a révélé un fait surprenant : le rapport racine:pousse réel s’élève à 1,07, soit plus de quatre fois supérieur à ce que prédisent les modèles actuels.

Ces résultats remettent en question l’opinion traditionnelle selon laquelle le broutage des herbivores retarde la croissance des arbres et réduit la biomasse, et montrent plutôt que, sous la pression du broutage, les arbres réaffectent leur biomasse, améliorant potentiellement leur capacité de stockage de carbone dans les environnements de garrigue.

Nous avons ignoré ce qui se passe sous terre.

Réensauvagement et changement climatique

Le réensauvagement est apparu ces dernières années comme un moyen incroyablement puissant de restaurer la biodiversité. Des projets comme Knepp dans le West Sussex démontrent la rapidité avec laquelle la faune sauvage revient une fois que son habitat rebondit. La rareté des espèces colonisant spontanément les sites de réensauvagement a été l’une des plus grandes surprises du processus.

Cependant, en ce qui concerne le changement climatique, le réensauvagement est souvent considéré comme non pertinent, inadéquat et inefficace par rapport à d’autres solutions, telles que la plantation d’arbres.

[A] Un cerf élaphe broutant un prunellier ; [B] Une aubépine broutée © Charles Burrell

Je n’ai jamais compris cela. Si les sols fonctionnent à nouveau, les zones humides reviennent et les arbres et la végétation se régénèrent naturellement, ces nouveaux paysages doivent-ils séquestrer des quantités substantielles de carbone ?

Un point aveugle particulier me semble être le potentiel d’accumulation de carbone des arbustes ligneux comme l’aubépine, le prunellier, le jaune et le chêne, espèces caractéristiques des garrigues et des haies. Nous avons été tellement obsédés par les arbres que nous avons négligé les espèces plus petites et non forestières. Nous n’avons aucune idée de la quantité de carbone qu’ils pourraient stocker non seulement au-dessus du sol mais aussi sous terre, dans leurs racines, et comment ce stockage pourrait être stimulé par le broutage des herbivores en liberté qui conduisent les projets de réensauvagement.

Mes visites dans d’autres paysages façonnés par les herbivores ont suscité une fascination pour les réponses des plantes au broutage.

Dans les pâturages boisés crétois, par exemple, les chênes en pleine croissance ont été sculptés par des siècles de broutage des moutons. Favorisant les structures épineuses, les feuilles compactes, les tiges multiples et la réaffectation de la biomasse à leurs racines, ces chênes ont modifié leur stratégie de croissance en tant que mécanisme défensif. C’est une transformation remarquable. Ces arbres créent essentiellement leur propre armure contre les herbivores. Une fois arrivés à une certaine hauteur, hors de portée des moutons, ils redeviennent des chênes conventionnels. Ce phénomène reflète ce qui a été observé à Knepp, où la pression des herbivores a façonné la végétation ligneuse en une sorte de parc de sculptures topiaires.

Afin de tester cela, nous avons décidé d’extraire 39 arbres de cinq espèces d’arbres différentes (chêne, jaune, aubépine, prunellier et églantier) du projet de réensauvagement, racines et tout.

Le paysage de garrigue comparé à un [A] plantation forestière et [B] chez Knepp Wilding. Les modèles actuels de prévision du carbone sont basés sur des arbres trouvés dans des plantations. Sur le plan architectural, les structures de la végétation sont différentes, soulignant la nécessité d’équations allométriques spécifiques aux broussailles © Charles Burrell

Lorsque nous avons appliqué le modèle i-Tree Eco à plus de 1 500 arbres à Knepp, nous avons constaté que seuls deux arbres individuels avaient des équations spécifiques à chaque espèce, les autres se voyant attribuer des proxys. Le modèle, qui prédit la biomasse à partir des mesures de la hauteur et du diamètre des arbres (dhp), est logique lorsqu’il s’agit de mesurer un arbre poussant dans une plantation boisée ou dans une ville.

Notre enquête sur cette relation allométrique pour les arbres à Knepp a cependant raconté une histoire différente.

Pour les arbres poussant sous la ligne de brout (moins de 2,5 mètres), il n’y avait aucune corrélation entre leur hauteur et leur largeur. Ce manque de corrélation suggère que les arbres des zones réensauvages adoptent une stratégie de croissance différente. Plutôt que de se concentrer sur la hauteur et la largeur, ils privilégient le développement de mécanismes de protection.

Cerf élaphe broutant sur la salive à Knepp Wildland © Charles Burrell

Prochaines étapes

Une question intéressante à considérer est de savoir comment la pression du broutage affecte le potentiel de stockage de carbone à long terme des arbres. Généralement, on suppose que les arbres atteindront une hauteur maximale, et donc leur capacité de stockage de carbone. Mais que se passerait-il si le broutage retardait cette croissance, et prolongeait ainsi le rôle de puits de carbone de l’arbre ? Un investissement accru dans les structures racinaires et les défenses épineuses pourrait retarder l’atteinte de la hauteur maximale d’un arbre, et ainsi prolonger sa durée de vie en tant qu’accumulateur de carbone.

La réensauvagement offre une voie alternative dans la lutte contre le changement climatique et une voie qui peut améliorer de multiples services écosystémiques.

Notre étude jette les bases de recherches futures et appelle à une réévaluation des méthodes de surveillance écologique et de comptabilisation du carbone en cette ère de réensauvagement. Il fait progresser notre compréhension du stockage du carbone dans les paysages réensauvages et souligne la nécessité d’aligner nos outils d’évaluation écologique sur ces écosystèmes dynamiques.

À mesure que nous approfondissons les projets de réensauvagement, adapter nos méthodologies pour capturer avec précision leur valeur écologique devient impératif pour le succès de ces projets et de leurs objectifs environnementaux plus larges.

Lire la recherche complète : «L’inadéquation des méthodes actuelles d’évaluation du stockage du carbone pour le réensauvagement : une étude de cas du domaine Knepp » dans Solutions et preuves écologiques.



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